Article paru dans France-Arménie, numéro 127, Octobre 1993
Takvor Takvorian
...et toujours l'enthousiasme de ses vingt ans
A Gap, où il vit depuis 1935, il n'y a pas un seul Gapençais qui ne connaisse Takvor Takvorian.
Originaire d'Evérek (Kayseri) où il naquit le 6 janvier 1915, il perd sa mère sur la route de la déportation. Elevé par ses tantes, il arrive en 1922 à Marseille. A l'âge de 13 ans, il quitte l'école pour apprendre la cordonnerie avec son père. Par la suite, il deviendra fabricant de boutons et de fermetures Eclair. Ayant cessé son activité depuis quelques années, il peut enfin consacrer son temps à écrire. Son talent s'épanouit au travers de différentes oeuvres. Il écrit "Armenouch" où avec ses souvenirs d'enfants il retrace l'exode des Arméniens. Le franc succès que connaîtra ce premier roman (5 500 exemplaires vendus) l'encouragera à écrire "Krikor, le fils d'Armenouch". A ce jour (1993), il aura publié treize ouvrages : des traductions, un livre récit sur la cité d'Ani, mais aussi un recueil sur les évêques arméniens vénérés par l'Eglise de France.
Ce petit homme alerte et gai, aujourd'hui grand-père de quelque dix petits enfants, souhaite "communiquer son goût de la nation arménienne". Il y excelle.
Discret, c'est cependant d'une main de maître qu'il organise chaque année depuis 1954, le pèlerinage de Tallard. Vous vous laissez prendre à son humour qu'un accent de "là-bas" rehausse. Il suffit de voir le regard que lui portent les pèlerins pour se rendre compte que Takvor Takvorian est aimé et estimé. Sans cesse sollicité, la discussion avec lui n'est pas une mince affaire. Takvor Takvorian joue avec les mots. La langue arménienne, il l'aime. Il a d'ailleurs publié récemment "L'arménien chez soi", mais Takvor, insatiable, a déjà en préparation un autre ouvrage "L'arménien dans la famille". On aimerait encore lui poser d'autres questions, mais il est déjà parti. On reste sur notre faim. Takvor Takvorian ne se dévoile pas, peut-être préfère-t-il qu'on le découvre au travers de ses écrits ou de sa peinture, à moins que ce ne soit sa façon de nous inviter à revenir l'an prochain au 50e anniversaire du pèlerinage.
Y. M.