Collège Dictionnaires Machtotz France

Marc NICHANIAN
[ Թարգմ. Մարկ. ՆՇԱՆԵԱՆ ]
( n. 1946 )

L'auteur

Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir
Marc Nichanian est né en 1946 à Paris, de parents originaires d'Asie Mineure émigrés en France au début des années 1920.

Il est diplômé de l'Ecole des Langues Orientales pour l'arménien (1970) et docteur en philosophie (1979).
Il a enseigné la littérature arménienne de façon "itinérante", à Paris, Vienne, Los Angeles et Jérusalem.
Il est depuis 1980 le rédacteur de "Gam" ("Ou bien..."), revue de littérature arménienne et d'analyse en langue arménienne.
Il est professeur associé au Département d’études arméniennes de la Columbia University à New-York.

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Livre numéro 165
Marc NICHANIAN --- Cliquer pour agrandir Ages et usages de la langue arménienne
            [ Թարգմ. Դարք եւ բարք հայերէն լեզուի ]
Titre : Ages et usages de la langue arménienne / auteur(s) : Marc NICHANIAN -
Editeur : Entente
Année : 1989
Imprimeur/Fabricant : 53-Mayenne : Impr. Floch
Description : 431 p. carte 20 cm
Collection :
Notes : Bibliogr. p. 427-429
Autres auteurs :
Sujets : Armenien langue -- Histoire * Armenien langue moderne -- Aspect social
ISBN : 9782726600894
Bibliothèque : Catalogué à la Bibliothèque Nationale de France
Prix : 27,52 euros
Achat possible sur : Amazon

Commentaire :

L'arménien, définitivement constitué entre le Vie et le Ille siècle av. J.C.. devient langue écrite et langue littéraire au Ve siècle après J.C. On dispose de quinze siècles de témoignages écrits pour retracer l'histoire de cette langue à travers ses moments importants, arménien classique au Ve siècle, arménien moyen, langue du royaume de Cilicie, au Xlle siècle, arménien moderne, instauré comme langue littéraire avec ses deux variétés, orientale et occidentale, au milieu du XlXe siècle.

Que se passe-t-il lorsqu'une langue devient langue littéraire?
Marc Nichanian décrit et analyse l'histoire de la langue et tente de cerner ces périodes de ruptures et la conscience que les locuteurs ont de ces ruptures.
A l'histoire de la langue se superpose donc celle des conceptions et des réceptions de la langue.

"Une histoire de l'arménien, lecture attachante et de bonne tenue ; le linguiste ne manquera pas d'être attiré par une telle étude."

Centre national de Documentation pédagogique



Autre commentaire
C'est à une entreprise immense que s'est attelé Marc Nichanian; celle de traiter en un volume l'histoire de la langue arménienne qui s'étend tout de même sur deux millénaires et demi, si l'on admet ce que certains savants estiment comme probable que la langue arménienne a été apportée entre le Xe et le Vle siècle av. JC dans ce pays que l'on nomme communément l'Arménie occidentale.

L'ouvrage est divisé en deux parties. La première abordant et situant la place de l'arménien parmi les langues indo-européennes, la création de l'alphabet par le lettré Mesrop Machtotz, l'école héllénisante des VIe et Vlle siècles, l'époque des rois Bagratides et enfin l'époque cilicienne. La deuxième partie de l'ouvrage concerne la période moderne à partir du XVIe siècle et l'instauration au début du XIXe siècle de l'arménien littéraire moderne, période qui coïncide avec le réveil de la conscience nationale arménienne, réveil d'ailleurs qui a pu être possible grâce à l'action des pères Mekhitaristes.

Mais au-delà de la description chronologique des diverses étapes de la formation de la langue, des ruptures, des transformations de la syntaxe et des mots, l'auteur s'implique et nous explique le processus récursif dans l'instauration de la langue, et l'histoire de cette langue à travers l'histoire de la nation. Ainsi, la langue arménienne a subi par trois fois un processus de 'littérarisation", qui est un mouvement complexe par lequel une langue non seulement accède à l'écrit, mais devient langue littéraire par la diffusion et 'l'uniformisation". Une première fois au Ve siècle lors de la création des caractères arméniens, une deuxième fois au Xlle siècle dans le royaume arménien de Cilicie lorsque la langue est devenue langue écrite, et une troisième fois au milieu du XIXe siècle.

Le propos central de son livre et le fil conducteur de son analyse est d'examiner à travers ces trois moments les conditions dans lesquelles cette langue se littérarise et les raisons de ce phénomène. II s'agit donc de l'histoire des conceptions de la langue au cours des âges et de l'usage de cette langue par le peuple. Si Marc Nichanian dans le labyrinthe des termes qui désignent les variantes de la langue, (vulgaire, littéraire, vernaculaire, langue civile, dialectes, parlers populaires, langue standard, langue véhiculaire, arménien classique, moderne, moyen...) pose le problème du péril de langue, il minimise ce péril dans une intellectualité détachée (toutes les langues, comme toutes les civilisations sont faites pour mourir). On pourrait aussi bien retourner le propos et indiquer qu'elles sont aussi faites pour vivre. II explique que ce vécu est perçu de façon différente dans la diaspora occidentale et la diaspora du Moyen-Orient, ou même du Karabagh. Paradoxalement, la littérature arménienne de la diaspora n'a pas suivi le même chemin que la transmission de la langue et de la tradition.

La littérature de la Diaspora a trouvé son accomplissement à Paris et non à Beyrouth, avec la génération qui a créé la revue Menk et qui a constitué une sorte de réponse et de continuation par rapport à la revue Mehian, dont le projet était de transformer la langue littéraire arménienne occidentale en y intégrant le grabar et les dialectes. Vorpouni, Chahnour, Nartouni, Chouchanian, Béchiktachlian etc... ont effectué dans l'exil le transport de leur langue en Occident. Ces écrivains de Paris ne construisaient pas un avenir, ils tentaient d'affronter la crise, au-delà de la catastrophe, contraints de vivre une réalité double, à la "recherche d'un nous impossible. 'Notre patrie nous a échappé, elle a glissé sous nos pieds, nous projettant à la mer. Mais c'est la meilleure occasion pour nous apprendre à nager', écrivait Sarafian en 1929.

Dikran Tchertchian, Mensuel France-Arménie, 1989


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