L'auteur | |
Né le 8 mai 1851 à Constantinople, dans le quartier arménien Haskiough, Son père était artisan et sa mère était la fille d’un "kahana" (prêtre marié). Il commence sa scolarité à l'école Nercessian du quartier, puis à l'école Noubar-Chahnazarian. Son passage dans cet établissement ne lui fut pas bénéfique. Il parachève sa formation par la lecture de romans et d’ouvrages philosophiques ; en particulier, il lira la Bible et tous les grand auteurs grecs anciens, anglais, allemands, français, italiens, polonais. Déjà, sur les bancs, il manifeste son extravagance. En 1870, Demirdjibachian obtient son diplôme et s'engage comme secrétaire dans l'Administration ottomane, mais pour lui ce fut une perte de temps. Il désirait se consacrer à la littérature et pour cela voulut se rendre à l'étranger pour entreprendre des études supérieures. Ce désir se réalisa lorsque les médecins lui conseillèrent de quitter Constantinople, en raison d'une mauvaise santé et suite à une tentative de suicide. Il choisit Marseille, où au lieu de se reposer ou de faire des études, il s’adonna à la littérature. Pour faire connaître les Arméniens à l’Europe, il sort la revue "Le Moniteur littéraire et financier de Marseille". Deux ans après, il rentre à Constantinople. Il retrouve son camarade de classe, Minas Tchérz, qui propose, contre l’avis général, de reformer la grammaire de l’arménien. Demirdjibachian le soutient et il devient "persona non grata" pour la presse de la capitale. Il arrive quand même à faire paraître dans "Massis", sous le pseudonyme de Krasser Adom, des critiques littéraires qui seront très appréciées. Il est aussitôt sollicité de partout ; il devient éditorialiste, rédacteur en chef de plusieurs publications : "Kragan yev Imasdagan charjoum" (Mouvement littéraire et philosophique), "Yergrakount" (Globe), "Dendess" (Planton d'école). En 1889 commencent ses mauvais jours : isolement, mélancolie, persécution, fuite des hommes. En 1890, sa mère, comme auparavant son père et son petit frère, décède de tuberculose. Se sentant pourchassé, tous les jours il changeait de maison. Un soir, en cherchant à se loger, il est pris de pitié par une infirmière hongroise, veuve, Hellène Nisen qui sera son "ange gardien". Sur un coup de tête, en 1897, il abandonne tout et se rend pour quelques mois en Europe (Genève, Vienne, Budapest). À son retour, il loge chez Hellène Nisen et collabore aux journaux "Byzance", "Massis". En 1901, il présente des symptômes de schizophrénie ; il est interné à l'Hôpital "Sourp Perguitch", mais bientôt, s'enfuit. Il est hanté par l'idée d'être pourchassé, il voit des fantômes autour de lui. En 1904, il est hospitalisé de nouveau, mais encore une fois, il n'y reste pas longtemps et se réfugie chez la Hongroise qui restait la seule à le comprendre et à le soigner. Il passe ses dernières années dans l'isolement, l'abandon, il se sent ennuyeux, un fardeau insupportable, sa vie étant sans aspirations. Et un jour, en 1908, on le trouve pendu. La grande partie des écrits de Yeghia Demirdjibachian, prose et poésie, est éparpillée dans les journaux. Les textes en prose sont des éditoriaux et critiques littéraires, dont les meilleurs ont un caractère impressionniste, ainsi que quelques nouvelles. Ses plus belles pages sont sans conteste ses poésies qui n’ont pas été éditées. Il est surtout connu pour ses dictionnaires (1894 et 1896) qui sont réédités et consultés jusqu’à présent. Il a également écrit un "Dictionnaire philosophique" (1879). Philippe Pilibossian |
Livre numéro 29
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