Dédicace de l'auteur (France-Info)L'exil, un lieu idéal de création ? Telle est la conclusion à laquelle m'a conduit l'enquête que j'ai menée sur les oeuvres de romanciers, poètes et essayistes arméniens qui ont vécu en France entre 1922 et 1972. Ces survivants du génocide de 1915 me semblaient négligés voire méconnus. Ils avaient affronté les conditions difficiles de l'exil et tenté non seulement de perpétuer leur culture et leur langue menacées de mort mais encore de trouver des formes nouvelles d'écriture capables d'exprimer cette situation. La littérature, pour eux, était devenue une "patrie spirituelle". A l'origine, je voulais faire de ce livre un questionnement sur la vie à l'étranger, sur l'assimilation et l'intégration, sur le bilinguisme et sur les conditions de possibilité d'une littérature après une catastrophe. Le projet a progressivement évolué pour devenir une histoire littéraire et une histoire des mentalités. J'ai passé des années à lire la presse, à consulter les archives privées, à accumuler documents et photographies, à interroger des témoins, ces écrivains mêmes que l'on pouvait encore rencontrer dans les cafés du Cadet ou de Saint-Germain-des Prés des années soixante. Tel un puzzle il a fallu reconstituer le monde littéraire oublié d'une communauté dont l'intelligentsia, souvent bilingue, s'est nourrie de culture française, sans en faire l'objet d'un culte excessif et sans renier ses racines. Peu nombreux sont ceux qui connaissent les oeuvres arméniennes d'Armen Lubin, de Victor Gardon, de Missak Manouchian et plus rares encore ceux qui ont accès aux grands poèmes de Nigoghos Sarafian ou aux romans de Zareh Vorpouni. En tout cas, il me semble que là où le choc avec le monde étranger a été le plus violent, l'effort créateur a été aussi le plus fécond. C'est une telle expérience existentielle que le lecteur est appelé à partager. (Krikor Beledian, écrivain de langue arménienne et Maître de conférence à l'INALCO)
A travers l'étude de la presse et des Suvres littéraires de la diaspora arménienne en France, l'auteur examine les problèmes que soulève une littérature d'exil après une catastrophe comme celle de 1915. Les ouvrages publiés à Paris constituent souvent des chefs-d'Suvre de la littérature arménienne du XXe siècle, une littérature de rescapés entre crise d'identité et intégration. Cet ouvrage apporte, au-delà, par l'analyse d'une littérature de diaspora, des éléments de réflexion sur le multiculturalisme. Il comprend l'étude de plus de cinquante poètes et romanciers dont le lecteur trouvera les notices biographiques à la fin du volume.
Avant-propos
Introduction
Première partie
Les années de formation (1922-1928)
Chapitre I : Éléments pour l'histoire littéraire
Chapitre II : La poésie et la femme de Loth
Chapitre III : La prose entre deux eaux
Deuxième partie
L'explosion créatrice (1929-1934)
Chapitre I : Lieux pour une littérature nouvelle
Chapitre II : Une tentative de communauté littéraire : La revue "Menk"
Chapitre III : Le roman et l'inscription de l'histoire
Chapitre IV : Les audaces du "Nouveau Roman"
Chapitre V : Entre la réalité et le mythe
Chapitre VI : Sur les traces de la catastrophe
Troisième partie
Vers l'éparpillement (1935-1940)
Chapitre I : Les forces éparses
Chapitre II : La prose narrative : la boucle
Chapitre III : Le temps de la poésie
Quatrième partie
Le reflux (1940-1951)
Chapitre I : L'Occupation, la Libération
Chapitre II : Une crise d'identité
Chapitre III : La fascination du théâtre
Cinquième partie
La reprise (1952-1972)
Chapitre I : Le temps de l'ouverture
Chapitre II : La métamorphose de la prose
Chapitre III : Le phénix poétique